mercredi 4 mars 2015

Ces champignons qui pourraient mettre un terme à la problématique des déchets plastiques.

Les biologistes pourraient s'avérer être des contributeurs essentiels dans la lutte contre la pollution aux déchets plastiques. En effet, il est désormais possible d'appuyer les efforts de dépollution déjà existants sur la vaste diversité qu'offre le monde des microorganismes. Ainsi, des chercheurs de plus en plus nombreux s'intéressent aux propriétés des champignons, puisque certains d'entre eux seraient capables de traiter les déchets plastiques. Cela pourrait très bien marquer le commencement d'une nouvelle ère pour le combat continu contre la formation des sixième et septième continents.

C'est notamment le cas de la variété "pestaliotopis microspora", originaire de la forêt amazonienne. Ce dernier est en effet capable de dégrader le polymère polyuréthane (PUR), que celui-ci soit liquide ou solide. Il a de plus la capacité de le faire dans un environnement anaérobique ou quand le PUR constitue l'unique source de carbone en présence. Il faut également savoir que certaines bactéries et enzymes peuvent dégrader le PUR, bien que cela ne soit pas forcément possible dans des conditions extrêmes. C'est là tout l'avantage de ce champigno en particulier. 

Source image: http://www.herbcyclopedia.com/item/amazonian-mushroom-eats-plastic-pestalotiopsis-microspora-2
Ci-dessus, le champignon pestalotiopis microspora.

Chaque année, près de 280 millions de tonnes de plastiques sont produits. L'Europe n'en recyclerait que 25%. Or, il s'agit d'une matière nécessitant beaucoup de temps pour se dégrader en milieu naturel: de 5 ans pour un emballage de bobon à près de 400 ans pour une bouteille. Le fait que ce champignon soit capable de briser les chaînes d'uréthane est d'autant plus intéressant que le PUR n'est, en théorie, pas recyclable. En effet, la quantité annuelle de déchets PUR produite en 2020 devrait atteindre 1059 mégatones, contre 717 mégatonnes en 2012, soit une croissance de 5% par an sur dix-huit années. Ce champignon apparaît donc comme un éventuel sauveur. Cependant, Jonathan Russel, l'un de ses découvreurs et étudiant à l'Université de Yale, tient à préciser qu'il ne s'agit pas là d'une "solution ultime". Pour lui, ce n'est qu'un pas modeste vers un objectif important. En tout cas, les chercheurs estiments que les applications issues de ces recherches ne seront pas disponibles avant 2035.

En revanche, "pestaliotopis microspora" n'est pas le seul champignon à avoir fait ses preuves. En effet, Fungi Mutarium est un prototype qui permet de cultiver de la biomasse fongique à partir de déchets plastiques - la souche principalement utilisée étant le fungus mycellium. Cette dernière est fait placée sur un déchet plastique qui, pour les besoins de l'étude, prend une forme particulière, lui-même contenant un mélange de glucose et d'agar (un substitut de gélatine produit à base d'algues). Toutefois, il faut noter que le plastique est préalablement stérilisé au moyen d'une exposition à des rayons UV. Cela a également la particularité d'activer la dégradation du matériau, rendant alors la tâche plus aisée au champignon. 

Source image: http://www.livinstudio.com/fungi-mutarium/
Ci-dessus, l'action du prototype Fungi Mutarium.

Cette innovation permet non seulement de détruire sans dangers pour l'homme des matériaux qui pourraient contenir des toxines, tout en les valorisant. En effet,les champignons ainsi produits sont comestibles et leur goût serait neutre. Les toxines issues du plastiques sont elles-aussi dégradées lors de la colonisation fongique. D'autres souches, comme le pleurotus ostreatus et le schizophyllum commune sont également cultivables de cette façon, et offrent le même résultat. Leur principal avantage étant leur présence sporadique tant en Europe, en Afrique, aux Amériques, en Australie qu'en Asie. 

En revanche, ces champignons ne peuvent malheureusement pas en faire autant avec les déchets métalliques. S'ils sont bel et bien capables de "digérer" le métal, ils ne peuvent pas évacuer leurs composants et seraient donc toxiques pour l'homme. 

Sources:
http://www.kunger.at/161542/5346941/concepts/fungi-mutarium
http://www.livinstudio.com/fungi-mutarium/
http://www.herbcyclopedia.com/item/amazonian-mushroom-eats-plastic-pestalotiopsis-microspora-2
http://aem.asm.org/content/77/17/6076.full

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