Les éoliennes
situées en mer fonctionnent comme les autres : elles convertissent
l'énergie cinétique du vent en électricité. La différence principale entre les
deux modèles tient à la nature des fondations puisque l'ancrage en fonds marins
n'a pas les mêmes exigences que l'ancrage terrestre. Les éoliennes destinées à
être installées en mer doivent également être plus solides car les vents marins
sont en général plus puissants. Les parcs éoliens off-shore comptent pour la
plupart entre 20 et 50 éoliennes de 2 à 5 mégawatts. Ils ne peuvent pour
l'instant pas être installés là où la profondeur dépasse 40 mètres.
Les éoliennes destinées à être
installées en mer sont conçues pour résister à la corrosion et sont également
équipées de capteurs spécifiques pour en accroître le contrôle. En effet, il
est possible de réguler l'humidité et la température de la nacelle et la tour,
afin de limiter encore plus le rique de corrosion qui pourrait rendre obsolètes
prématurément les équipements.
Source image: http://www.actumaint.fr/2013/09/deux-ferme-eolienne-de-500-mw-projetes-par-un-consortium-gdf-edp/
En 1985, date de la première
installation d'éoliennes off-shore, les équipements ne se différenciaient
aucunement de ceux employés dans les parcs éoliens terrestes originaux. Depuis,
la technologie s'est peu à peu adaptée à l'environnement marin, et il est
désormais possible d'observer des différences sensibles en termes de taille et
surtout de puissance.
Cette technologie présente de
nombreux avantages mais également plusieurs limites. L'éolien terrestre est
l'énergie renouvelable la plus « mature » à ce jour, et la branche
off-shore a largement bénéficié de ces innovations. La mer étant une surface
plane, les vents rencontrent peu d'obstacles et sont en conséquence plus
réguliers et soutenus que sur terre. On bénéficie donc d'une production
énergétique plus importante : à puissance égale, une éolienne off-shore
peut produire deux fois plus d'électricité qu'une éolienne basée sur terre.
Enfin, la mer offre de grands espaces libres d'obstacles, ce qui n'est pas
forcément le cas sur terre. Cependant, une éolienne off-shore coûte entre 30%
et 50% plus cher que sa cousine terrestre, aussi bien en termes d'installation
que d'entretien. L'intermittence de l'énergie éolienne est toujours une donnée
valable : on ne peut donc pas produire de l'électricité de façon continue.
Si une panne survient, plusieurs jours peuvent s'écouler avant que la
réparation ne commence, en raison de difficultés d'accès et techniques plus
importantes, ce qui entraîne une baisse de la production. Enfin, cette
technologie suppose que le raccordement électrique doit s'effectuer à l'aide de
cables sous-marins. Si la distance entre la côte et la ferme éolienne est très
importante, il faut également associer le cablage avec des convertisseurs
électroniques pour limiter les pertes en électricité pendant l'acheminement.
Tout d'abord, en
ce qui concerne les fabriquants de turbines, l'une des entreprises phares est
française. Il s'agit d'Areva qui visait 25% de parts de marché pour l'éolien
off-shore européen à partir de 2012. L'entreprise a racheté son concurrent
allemand Multibrid afin de mieux pouvoir se positionner sur le marché européen
et opère déjà plusieurs unités de 5MW en Allemagne. Elle doit notamment se
mesurer à deux géants : Siemens et Vestas qui concentraient plus de 80%
des parts de marché européennes avant 2012. Parmi ses concurrents importants
figure également Alstom, qui en développant une turbine de 6MW lui a notamment
damé le pion en devenant le fournisseur des futurs parcs off-shore d'EDF EN.
Pour les opérateurs, l'allemand E.ON
Climate and Renawables, le suédois Vattenfall et le danois DONG se partagaient
en 2012 près de la moitié de la capacité éolienne off-shore installée en
Europe. DONG Energy a été créée en 2006 par 6 entreprises danoises (
DONG, Elsam, Energi E2, Kobenhavns Energi, Nesa et Frederiksberg Forsyning ).
Elle s'est ensuite étendue au Danemark et en Europe. Elle gère actuellement
huit parcs off-shore, dont le dernier a été installé au RU.
Dans l'exemple du parc de
Saint-Brieuc, c'est la société Ailes Marines qui exploitera les éoliennes.
Areva les a produites et elles doivent être installées entre 2015 et 2020. La société par actions simplifiées Ailes
Marines est détenue à 70% par IBERDROLA et à 30% par EOLE-RES. Elle est
partenaire d'Areva, de Technip et de Neoen Marine. Iberdrola fait partie du top
5 des énergéticiens, est le numéro 1 mondial de l'énergie éolienne, et est
présente dans 40 pays. EOLE-RES est
déjà très présent dans l'éolien en mer au RU, notamment en Irlande et
s'intéresse au secteur des énergies renouvellables depuis 30 ans. Cet exemple
marque l'entrée en jeu de nouveaux acteurs toujours plus nombreux et prédit de
possibles changements dans la distribution des parts de marché. On peut
également tenir compte du cas du groupe français Technip qui est le numéro 1
mondial de l'ingénierie et de l'industrie pour la construction de l'énergie en
mer. Il est implanté dans 48 pays et est présent sur les 5 continents. Sa
branche Technip Offshore Wind a été créée en 2011 et a depuis bouleversé le
marché. D'autre part, GDF Suez, qui est déjà responsable et leader de l'éolien
terrestre en France, se porte candidat à l'appel d'offre pour les projets de
deux parcs off-shore : l'un au large du Tréport et l'autre au large des
îles d'Yeu et de Noirmoutier.
Source image : http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dico/d/energie-renouvelable-eolienne-6946/
Cette multiplication des acteurs
tend à prouver que le marché de l'éolien off-shore, aussi bien européen que
mondial, se tourne vers l'avenir. En 2012, la capacité éolienne mondiale
s'élevait à 5538 MG, dont pas moins de 53,2% revenaient au RU. Le Danemark avec
16,6% et la Chine avec 9,2% complétaient le podium. D'ici à 2020, la France
envisage d'installer à elle seule 6000MW de parcs éoliens off-shore et de
devenir leader mondial.
L'objectif de la
transition énergétique de l'UE est fixé à 20% d'énergie renouvelable en 2020.
On estime pourtant que la croissance actuelle des énergies renouvelables n'est
pas assez rapide et soutenue pour atteindre l'objectif escompté. Parce que les
sites éoliens terrestres sont déjà tous exploités et qu'il n'est guère possible
d'en établir de nouveaux en nombre suffisant, les pays membres qui le peuvent
doivent se tourner vers l'éolien off-shore. Cependant, cette option est bien
plus complexe et donc plus coûteuse. Elle doit cependant être considérée
sérieusement car l'éolien en mer devrait créer près de 10 000 emplois non
délocalisables en France.
Un parc éolien de 500 mégawatts
fonctionnant 3500h par an égale la consommation d'électricité annuelle de
Bordeaux. C'est ce dont le parc éolien de Saint-Brieuc est capable. La
transition énergétique est en route et l'éolien off-shore tout particulièrement
sera sans doute amené à y jouer un rôle important. Il s'agit actuellement d'une
industrie compétitive ( au sens terrestre + off shore ), puisque son coût est
estimé à 104 euros le MW/heure alors que celui estimé pour le réacteur EPR est
de 107 euros. En revanche, le prix de l'énergie issue de l'éolien off-shore
pourrait se révéler très élevé s'il n'est pas régulé. De plus, ce prix ne
souffrira pas de la fluctuation du marché comme c'est le cas du pétrole ou du
charbon. A cet avantage s'ajoute un coût carbone quasimment nul. En revanche,
l'éolien, aussi bien terrestre qu'off-shore, ne prétend en aucun cas se
substituer en France aux autres formes d'énergie mais entend plutôt se
positionner comme un complément d'énergie propre sans pour autant dénaturer la
compétitivité-prix de l'électricité en France.
Source image : http://www.lepoint.fr/monde/allemagne-une-ferme-eolienne-qui-tourne-a-vide-13-08-2013-1713732_24.php
De plus, si l'éolien en général peut
se décrire comme une technologie « mûre », elle n'est pas limitée en
termes d'innovations. Il ne s'agit pas ici d'innovation de rupture, mais de
nature incrémentale. Elle peut concerner aussi bien l'augmentation de la
productivité énergétique, la résistance des pâles, l'acoustique, la stabilité
des fondations que les systèmes de maintenance ou encore l'électronique de
puissance. Parce que chacune de ces innovations améliore la qualité de
l'énergie éolienne, elle permet aux différents acteurs du marché tels que les
entreprises, l'Etat et les banques de financer la R&D.
Mais en France, la réussite de
l'éolien off-shore dépend également d'une transition économique nécessaire et
également d'une politique de stabilisation du prix de l'électricité ( notamment
par plafonds ). En effet, cette branche industrielle par nature décentralisée
se heurte à la centralisation de l'Etat français. Pour que les projets d'envergure
nationale puissent aboutir, il est important que les délais administratifs
soient raccourcis et que les financements arrivent à temps. Parce qu'il s'agit
d'une énergie intermittente, l'éolien a besoin que les réseaux énergétiques
évoluent en son sens. Il s'agit aussi bien de travailler sur les raccordements,
l'amélioration du lissage de puissance, les systèmes de stockage qu'une liaison
par courant continu accompagnée par la mise en place de convertisseurs de
puissance, ainsi qu'une éventuelle interconnexion entre les turbines.
Sources:
-http://www.actumaint.fr/2013/09/deux-ferme-eolienne-de-500-mw-projetes-par-un-consortium-gdf-edp/
-http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dico/d/energie-renouvelable-eolienne-6946/
-http://www.lepoint.fr/monde/allemagne-une-ferme-eolienne-qui-tourne-a-vide-13-08-2013-1713732_24.php
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