jeudi 18 décembre 2014

Le carburant issu de l'eau de mer se retrouvera-t-il un jour dans nos voitures ?

Alors que nous semblons nous approcher de plus en plus du "peak oil" décrit par King-Hubbert - soit le moment critique où les coûts de l'extraction du pétrole deviendront plus importants que les bénéfices qu'on en tire - le besoin de développer les biocarburants devient de plus en plus pressant. Or, ceux-ci peuvent également être problématiques, puisque la production de certains végétaux les composant s'avère polluante. 

La U.S Navy pourrait bien avoir trouvé une solution. Elle a en effet rendu publiques la semaine dernière ses recherches concernant la synthétisation de carburant à partir de l'eau de mer. Le besoin de la Navy n'était pas innocent: elle cherchait une solution pour que ses avions puissent survoler les mers sans arrêt, sans pour autant dépendre de navires de ravitaillement. 

Les scientifiques de la U.S Navy ont réussi à extraire du dioxyde de carbone et de l'hydrogène à partir d'échantillons d'eau recueillis dans l'océan. Ils ont ensuite transformé ces éléments en un carburant hydrocarbone, capable d'alimenter un avion. Afin de prouver leur réussite, les chercheurs ont fait voler un modèle réduit d'avion de la Seconde Guerre Mondiale avec le carburant obtenu.

Source image: -http://www.smithsonianmag.com/innovation/fuel-seawater-whats-catch-180953623/
Ci-dessus, le modèle réduit d'avion utilisé pour la démonstration.

A l'aide d'une machine qu'ils ont eux-mêmes créés, les scientifiques ont été capable d'extraire le dioxyde de carbone et l'hydrogène de l'eau salée. Il les ont ensuite mis en réaction afin d'en tirer un carburant liquide. Ce procédé permet aux chercheurs d'extraire jusqu'à 97% du dioxyde de carbone de l'eau, alors que celui-ci est dissout. A partir de là, ils sont capable de convertir 60% des gaz obtenus en carburant hydrocarbone, dont le coût se situerait entre 3 et 6 dollars le gallon.

Source image:-http://www.smithsonianmag.com/innovation/fuel-seawater-whats-catch-180953623/
Ci-dessus, la machine utilisée pour extraire les gaz et les convertir en carburant.


Cette découverte est d'autant plus intéressante que la qualité la plus basse de ce carburant correspondrait à celle de l'essence que nous utilisons actuellement pour nos véhicules. En revanche, la qualité la plus haute obtenue pourrait valoir jusqu'à deux fois le prix de nos carburants actuels. La U.S Navy estime que ce produit pourra pénétrer les marchés d'ici 10 ans. 

Malheureusement, le ciel n'est pas si rose. En effet, la concentration de dioxyde de carbone dans l'eau de mer ne s'élève en moyenne qu'à 100 milligrammes par litre. Bien que cela soit 140 fois plus important que la concentration de ce gaz dans l'air, cela signifie également qu'il faudrait filtrer neuf millions de mètres cubes d'eau salée pour en extraire cent mille gallons de carburant, soit environ 378000 litres. Et encore, ces chiffres supposent que le procédé est efficace à 100%. Or, la réaliter nous pousse à présumer que l'efficacité sera moindre, et qu'il faudra donc traiter bien plus d'eau pour arriver à un tel résultat. A cela s'ajoute les dégâts sur l'environnement : plus on filtrera d'eau, plus on détruira de planctons et autres micro-organismes indispensables à l'alimentation de nombreuses espèces marines. Retirer l'élément le plus bas de la chaîne alimentaire des océans déboucherait vraisemblablement sur une catastrophe environnementale.

De plus, les machines utilisées pour convertir les gaz en carburant fonctionnent forcément à l'électricité. Cela signifie que les dépenses énergétiques liées à l'extraction de l'eau des océans et à son traitement seraient telles que ce procédé ne pourrait être rentable économiquement. A cela s'ajoute le fait que, si 60% des gaz seraient effectivement convertis en carburant, les 40% restants risqueraient de leur côté de se transformer en méthane et d'être directement relâchés dans l'atmosphère, grossissant les rangs des gaz à effet de serre par la même occasion. Quant à l'utilisation du carburant en elle-même, elle aboutira forcément à un rejet supplémentaire de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.

Cependant, ce projet risque de continuer plus avant puisque la défense nationale des Etats-Unis est en jeu. Cela signifie que nous pourrions voir des porte-avions nucléaires étasuniens utiliser ce procédé d'ici quelques années, et peut-être même une plateforme d'extraction industrielle voir le jour d'ici les quinze ans à venir. L'intérêt principal de l'armée étasunienne étant de ne plus dépendre des énergies fossiles issues de pays étrangers.

Ce projet n'est pas sans rappeler celui de l'entreprise nanoFLOWCELL, qui a déjà développé une voiture de sport fonctionnant à l'eau de mer.


Sources: 
-http://www.smithsonianmag.com/innovation/fuel-seawater-whats-catch-180953623/
-http://www.voanews.com/content/us-navy-lab-turns-seawater-into-fuel/1919512.html
-http://www.washingtontimes.com/news/2014/apr/10/game-changer-us-navy-can-now-turn-seawater-jet-fue/
-http://jalopnik.com/the-navys-seawater-to-fuel-system-can-i-use-it-in-my-c-1563115554
-http://www.greencarcongress.com/2014/03/20140305-quant.html

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