mardi 30 décembre 2014

Le nouveau bioplastique biodégradable de Harvard : une solution contre la pollution et le gaspillage alimentaire ?

Le plastique fait depuis longtemps partie de notre quotidien. Son omniprésence est d'autant plus problématique qu'il ne s'agit pas, à la base, d'un matériau biodégradable. 40% du plastique consommé en France l'est sous la forme d'emballages, dont une grande partie finissent à la déchetterie sans pouvoir être recyclés. Nous nous trouvons donc confrontés à un impact environnemental très important causé par un produit dont la durée de vie est extrêmement courte. De plus, le traitement post-utilisation du plastique n'est pas le seul problème que ce matériau soulève: sa production correspond à 4% de l'industrie pétrochimique actuelle, et est donc polluante.

Pour tenter d'apporter une solution à ce problème toujours plus pressant, les industries concernées se tournent peu à peu vers les agroplastiques ( 0.5% du marché en 2007 ). Or, ces derniers, pour la plupart issus de plantes, sont constitués d'agropolymères, tels que le cellulose ou l'amidon, et ne sont pas forcément biodégradables. Cela revient à produire un matériau toujours polluant, et dont le processus de production nécessite d'énormes quantités d'eau. De plus, nombre d'entre eux comptent de l'acide polyactique parmi leurs composants. Ce dernier nécessite de lourdes adaptations techniques et technologiques si l'on souhaite le recycler, ce qui n'est pour l'insant pas à l'ordre du jour. Toutefois, les agroplasiques pourraient voir leur utilisation se démocratiser dans le futur, et ce malgré leurs inconvénients. En effet, l'augmentation probable du prix du pétrole dans les années à venir pourrait le rendre bien plus rentable que le plastique traditionnel.

C'est à partir de là qu'entrent en jeu les bioplastiques, c'est-à-dire des matériaux plastiques, le plus souvent issus de matières végétales, donc renouvellables, et biodégradables. Cela signifie qu'il s'agit de matériaux compostables. Cependant, la problématique de l'utilisation de l'eau, alors que celle-ci vient à manquer, pour le production pèse de plus en plus lourd dans les débats.

Une équipe scientifique de Harvard a peut-être trouvé la réponse à ce problème. Cette nouvelle solution est d'autant plus attirante que, sur les 300 millions de tonnes de plastiques produites chaque années, seulement 4% sont recyclées. Le reste prendra des siècles à se dégrader, s'il ne flotte pas dans l'océan. Chaque année, 24 000 tonnes de plastiques sont ingérées par la vie marine, alourdissant la menace sur des espèces en danger telles que les tortues. 

Les chercheurs du Harvard Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering ont choisi d'utiliser du chitosan, un composant de la chitine, que l'on trouve communément dans les carapaces et les coquilles des crustacés, ici les crevettes. Il s'agit d'un des matériaux organiques les plus présents sur notre planètes, puisqu'il est également produit par les insectes. Les copépodes, une famille de zooplanctons, en produisent un milliard de tonnes chaque années à eux-seuls. 

Les carapaces de crevettes sont en général considérées comme des déchets, alors qu'elles représentent la plus grosse masse disponible de chitine dans nos industries. Les chercheurs du Wyss Institute en ont donc utilisé pour créer un bioplastique pouvant se dégrader rapidement lorsqu'il est exposé à un environnement favorable, par exemple un sol humide où les microorganismes sont nombreux. 

Seul bémol à ce jour : ce bioplastique n'est pas imperméable et nécessite une couche de cire d'abeille pour l'être. Ses créateurs l'ont à l'origine nommé "shrilk" ( contraction de "shrimp" pour crevette et "silk" pour soie ). Ce choix se justifiait car ils utilisaient également une protéine issue de la soie dans sa fabrication. Cependant, ils ont finalement décidé d'exclure cette protéine, car elle rendait le matériau bien plus coûteux et donc moins attractif pour les industriels. 

Les arguments favorisant l'utilisation de ce bioplastique sont nombreux: il y a bien sûr le fait qu'il soit totalement biodégradable, mais également la facilité avec laquelle il peut être produit et son impact environnemental minime par rapport aux autres formes de plastiques utilisées à ce jour. Enfin, il pourrait également s'imposer comme une solution pour réduire les déchets liés à la consommation de crustacés. 


Sources:

-http://www.actu-environnement.com/ae/news/bioplastiques-agroplastiques-biodegradables-10636.php4
-http://www.bioplastiques.org/images/documents/Dossier%20de%20P/Note%20Club%20Bio-plastiques%20oct%202007%20(cpt).pdf
-http://www.encyclo-ecolo.com/Bioplastique
-http://www.thealternativedaily.com/harvard-researchers-develop-biodegradable-plastic-shrimp-shells/
-http://www.cbsnews.com/news/environmentally-friendly-bioplastic-created-from-shrimp-shells/




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